Festen – le Film
Helge fête ses 60 ans. À cette occasion, il invite toute sa famille dans une grande maison. Au cours de la soirée, certaines vérités difficiles à entendre sont révélées.
Au cours du dîner, le fils aîné, Christian, est invité à dire quelques mots…
Le film problématise la question du secret de famille, à travers le combat de la victime, ici Christian abusé par son père, ainsi que sa sœur jumelle, réduite au suicide comme seule issue possible. Combat titanesque, car tout le groupe se ligue d’abord contre lui, soit passivement (l’inertie des invités, préférant d’abord n’avoir pas bien compris ; la sœur Hélène taisant le message décisif qu’elle a trouvé) soit plus activement (la mère préfère soutenir son mari en diffamant son fils, le frère Michael l’expulsant littéralement pour prendre enfin la bonne place dans la fratrie).
La symbolique de l’eau le révèle d’ailleurs. C’est l’eau du bain des viols, du bain au fond de la surface duquel Pia s’abandonne naïvement, et qui se trouble brusquement. Il faut que le rideau de douche se dérobe pour dévoiler la violence souterraine de la famille, lorsque Michael chute piteusement.
On peut aussi déceler dans le film une relecture du mythe d’Œdipe1. Thématiquement, d’une part : inceste tu, complicité maternelle (comme Jocaste dans la version de Cocteau, la Machine infernale), meurtre du père (qui déclare à son fils « Tu me tues ! » et qui est symboliquement destitué à la fin du film), figure ambivalente de l’étranger héroïque qui rentre au pays (Christian a un restaurant à Paris). D’autre part, c’est surtout la dynamique tragique qui apparaît, puisque le grand-père livre involontairement des informations sur les railleries à dominante sexuelle dont il a entouré Helge petit, source du mal transmis inconsciemment de génération en génération. Justement, il s’agit pour Christian de rompre le cercle de la fatalité, ce que le héros grec ne pouvait envisager de faire.
Film danois réalisé par Thomas Vinterberg
Premier film labellisé Dogme95
Prix du Jury au festival de Cannes 1998
https://fr.wikipedia.org/wiki/Festen
Festen au théâtre 2017
Mise en scène Cyril Teste
Paris – Odéon Théâtre de l’Europe
adaptation théâtrale Bo Hr. Hansen
Festen est une triple histoire de cinéma, de théâtre et de famille : un grand film superbement réalisé, mais aussi un texte dramatique de plein droit. Cette œuvre-carrefour offre un matériau idéal à Cyril Teste et au Collectif MxM pour poursuivre, après le succès de Nobody, leur exploration des sociétés contemporaines par le biais de la performance filmique. Définie comme “écriture théâtrale qui s’appuie sur un dispositif cinématographique en temps réel et à vue”, la performance filmique “injecte dans le temps du cinéma le présent du théâtre”, captant ainsi sur scène l’énergie éphémère du plateau de tournage. Mais Festen est bien plus qu’une expérience esthétique. On y assiste à la confrontation explosive d’un rituel (la célébration d’un anniversaire) et de sa rupture (la dénonciation par un fils des crimes de son père). L’effet de réalité ainsi produit est sidérant : au-delà de l’inceste paternel, c’est la complicité tacite de toute une société qui se révèle. Cette version, revécue chaque soir au cours d’un banquet bien réel, sera également un hommage en filigrane à une autre histoire de famille danoise : celle du prince Hamlet, qui lui aussi choisit de faire de la cérémonie scénique “le piège où prendre la conscience du roi.”
http://www.theatre-odeon.eu/fr/2017-2018/spectacles/festen
Festen au Théâtre 2002 – 2003
L’enterrement ( Festen … la suite ) 2012
Mise en scène Daniel Benoin
Théâtre National de Nice – Théâtre du Rond-Point , Paris – Théâtre des Célestins, Lyon
C’est vrai qu’on dit toujours qu’on hérite de toute la merde de nos parents.
Daniel Benoin convoque les monstres de la tragédie grecque et les fous des délires élisabéthains. Tous enterrent le père de Festen, mais accouchent d’un monstre plus terrifiant. Malédiction familiale.
Le Danois Thomas Vinterberg fonde en 1995 avec Lars Von Trier le concept du Dogme95. Manifeste en vue d’un nouveau cinéma dont la première oeuvre claque comme une gifle : Festen. Écrit et réalisé par Vinterberg, le film fascine et effraie le Festival de Cannes, où il reçoit le Prix du Jury.
Daniel Benoin l’adapte, et en 2003, investit les rangées de spectateurs du théâtre, y installe un banquet de famille. Rappel des faits : lors d’une fête de famille, le fils Christian choisit de percer les abcès. Il annonce enragé et en public les viols répétés sur son corps d’enfant de son père présent. Bombe théâtrale dans le pavé des conforts petits-bourgeois de la famille franco-danoise. On pensait pouvoir enfin vieillir tranquille. Mais dix ans plus tard, Vinterberg s’acharne. Le Festen théâtral lui donne le goût de la scène. Il écrit pour le plateau une suite, reprend les mêmes figures, et les plonge dans une nouvelle fête de famille.
Cette fois-ci, on enterre le père. Le vieux pédophile est mort d’une mauvaise chute. Crise cardiaque. La famille se réunit. Les trois enfants sont là. On s’agite, on soutient une mère qui défaille, mais qui veut une veillée funèbre festive. On fait le point, on cuisine, on arrose le tout. On laisse faire le temps et les héritages pourris, les mesquineries et les haines. Mais un drame à nouveau explose et un nouvel abcès avec. Plongée profonde dans les ordures humaines. Directeur du Théâtre National de Nice, Daniel Benoin convoque les monstres de la tragédie grecque et les fous furieux des délires élisabéthains. Il rassemble pour cette farce féroce une distribution de prestige. Tous enterrent le père de Festen, mais accouchent d’un monstre plus terrifiant. Malédiction familiale.
https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/lenterrement-festen-la-suite/#
FESTEN -enterrement Dossier Presse PDF
Festen – Le Livre
Mogens Rukov & Thomas Vinterberg
Éditeur : L’Avant-Scène théâtre (15 novembre 2017)
Collection : Quatre-Vents
Langue : Français
Éditeur : Actes Sud (10 avril 2003)
Collection : Actes Sud-Papiers
Langue : Français
Faire penser “au risque du cinéma”
voilà un bon exercice mental (et esthétique) de littérature comparée.
FESTEN (1998) de Thomas Vinterberg et ŒDIPE ROI de Sophocle (-V)
L’article de Wikipédia consacré au film rend hommage aux petits travaux qui suivent…
Pour les 60 ans d’Helge Klingenfelt, riche homme d’affaire danois, une réception est donnée au manoir familial. Cependant, cette cérémonie qui promettait d’être grandiose et luxueuse va rapidement tourner court lorsque son fils va dévoiler un secret de famille, tu depuis plus de vingt ans… Ce film qui présente d’une manière originale un thème peu souvent abordé au cinéma, celui de l’inceste, alliant humour et drame, acquiert une résonance particulière lorsqu’on le confronte à un mythe intemporel : le mythe d’Œdipe. En effet, outre le thème général de l’inceste, de nombreuses similitudes les rapprochent, en ce qui concerne la révélation d’un lourd secret de famille, le poids du hasard et du destin, mais aussi les personnages et leurs comportements.
Extrait
Maxime Abolgassemi
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http://www.abolgassemi.fr/index.php/cinema/