Elle le dit presque en s’excusant.
«Pour moi, partir en France était une chance inespérée, je devais la saisir.»
Même s’il lui fallait, à 17 ans, quitter le Maroc et sa famille.
Même si, très vite, dans le petit appartement de la banlieue parisienne qu’elle rejoint en septembre 1998, sa nouvelle « patronne » lui inflige menaces, mauvais traitements et insultes quotidiennes. Même si elle ne touche rien du salaire promis. Même si on ne l’inscrit pas « dans une bonne école française », comme il était convenu.
Salma tient le coup, « en priant ». Chaque jour, elle espère « que les choses s’arrangent ». Chaque jour, elle doit récurer l’appartement de fond en comble: aspirateur, chiffon à poussière sur chaque centimètre carré exposé, serpillière dans les toilettes, les murs et le sol de la salle de bains, lessive à la main, repassage. Puis: « vider entièrement les placards de la cuisine et les laver », « soulever tous les coussins du salon, les retourner pour les aérer », « soulever et taper les matelas et les sommiers », « faire toutes les fenêtres de l’appartement. » La « patronne » est obsédée par la propreté, elle n’est jamais satisfaite. Salma prépare aussi les repas, et s’occupe des enfants du foyer, deux jumelles âgées de 10 ans. La patronne pique souvent des crises de nerf. Au mois de mars 2001, un jour de colère, elle met Salma à la porte.
Recueillie par un foyer social, Salma se reconstruit peu à peu. Elle décide de porter plainte. Aujourd’hui, la jeune femme a trouvé un emploi de caissière, dans la région parisienne. La procédure judiciaire contre sa patronne est en cours.
CCEM, Comité Contre l’Esclavage Moderne
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Raphaël Dallaporta
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