Namibie, le génocide du IIe Reich
Vaste pays d’Afrique australe, la Namibie fut une colonie allemande de 1884 à 1915. Les historiens se penchent sur la question de la lutte menée contre deux peuples de cette région : les Namas et les Hereros. En Namibie, le IIe Reich a experimenté les camps de concentration et les «études» raciales en toute impunité. Depuis l’indépendance de la Namibie en 1990, les descendants des familles persécutées se battent pour que l’Allemagne reconnaisse ce génocide. L’extermination des Namas et des Hereros a-t-elle été planifiée ? On estime qu’en 1904, 80% de la population namas a été supprimée. Les historiens, aujourd’hui, débattent des concordances et des liens avec l’extermination des Juifs d’Europe, durant la Seconde Guerre mondiale.
Documentaire – Realisateur : Anne Poiret
En 1884, alors que s’ouvre à Berlin la conférence scellant le partage de l’Afrique entre les grandes puissances européennes, l’Allemagne est à la traîne de ses voisins. Pour tout empire colonial, le IIe Reich n’a que quelques territoires en Afrique, dont le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie), où elle a posé le pied pour la première fois l’année précédente. C’est là, vingt ans plus tard, que l’armée du Kaiser Guillaume II va perpétrer le premier génocide du xxe siècle, à l’encontre de deux peuples autochtones. Pourchassés jusque dans le désert du Kalahari, enfermés dans des camps de concentration, 80 % des Hereros périrent. Vint ensuite le tour des Namas, qui, après avoir accepté un temps la domination du colon, osèrent se rebeller ; la moitié d’entre eux furent exterminés. Placée sous domination sud-africaine au lendemain de la défaite allemande de 1918, la Namibie ne conquerra son indépendance qu’en 1990. Depuis, le jeune Etat n’en finit plus de redécouvrir cette période dramatique de son histoire, tue durant l’apartheid, comme le raconte ce film dense, qui conte le combat des descendants de martyrs pour la reconnaissance des atrocités dont furent victimes leurs ancêtres.
Après une première moitié consacrée à la chronologie et au récit des faits, Anne Poiret privilégie la parole, très riche, des historiens. Logique concentrationnaire, extermination raciale, expériences menées sur des cadavres : pour beaucoup, le génocide du Sud-Ouest africain préfigure celui qui sera commis, une trentaine d’années plus tard, contre les Juifs. —
Télérama – Emilie Gavoille